Biographie d’un Tee shirt…

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Doc Logo + Le dernier numéro de la revue Marcaje & Textil, nous offre ce mois-ci un récit intéressant basé sur un livre écrit par l’Américaine Petra Rivoli, Professeur spécialiste en commerce international et économie à l’Université de Georgetown (Washington).

The travels of a T-Shirt Suivre le parcours d’un Tee shirt qu’elle portait durant une manifestation contre la mondialisation, depuis la production du coton jusqu’à sa confection, sa commercialisation et même son recyclage! Tel était le défi que s’était fixé Pietra Rivoli. Le résultat fut un livre au point de vue novateur sur l’industrie textile dans le monde.


Algodón
Ce livre est en fait une histoire de la mondialisation qui commence dans une plantation de Lubbock, au Texas, où l’on cultive le coton en branches, on le sèche et on l’égrène afin d’en extraire la fibre blanche destinée à être transformée en fils de coton.

Du Texas, il voyage tout d’abord en camion jusqu’à Long Beach, en Californie, où il est embarqué à destination de Shanghai ou Canton, en Chine…

Une parenthèse, avant de poursuivre le voyage: Depuis toujours, les Etats-Unis sont leaders en production, exportation, superficie de champs cultivables et en rendement par hectare. Les subventions de l’Etat et le programme de maintien des prix établis par le gouvernement ont permit de conserver cette tendance.
Aujourd’hui, quand le prix international du coton atteint les 50 centimes par livre, les agriculteurs d’Afrique Ecuatoriale gagnent 25 centimes et les Nord-Américains 72.

A Shanghai, l’on s’occupe du bobinage, de la torsion, du filage et du pelotage du fil de coton dans une fabrique qui paie 100 dollars par mois pour 8 heures par jour, 6 jours par semaine. C’est là un des principaux avantages de Chine: une main d’oeuvre particulièrement docile.
A partir des bobines, le coton se change en vêtement. Avec l’étiquette « Made in China » le coton Texan se prépare pour son voyage de retour aux USA, par l’intermédiaire d’une entreprise Chinoise d’Import-export. (Actuellement, la Chine domine l’industrie mondiale du textile et du vêtement).

Shanghai

Les Tee-shirts embarquent à Shanghai,traversent l’Océan Pacifique, passent le canal de Panama, puis remontent ensuite vers Miami où ils sont réceptionnés dans un atelier de sérigraphie. Cependant, seulement 14% des importations Américaines de vêtements viennent de Chine!
Alors que la libéralisation des autres marchés s’accentue, l’industrie Nord-Américaine, soutenue par des groupes de pression très actifs, a bénéficiée depuis toujours d’un traitement de faveur de la part des différentes administrations publiques que se sont succédées.

Dans un pays aussi consommateur que les USA, un Tee-shirt s’achète, s’utilise un temps, puis se range « au fond du placard ». L’offre de vêtements de seconde main dépasse tellement la demande que seule une infime partie reste dans le pays pour être distribuée par des associations caritatives aux personnes nécessiteuses.

Par l’intermédiaire d’une entreprise de New-York, les associations caritatives entrent en contact avec les acheteurs de vêtements de seconde main. Les vêtements s’achètent à un prix variant de 10 à 15 centimes le kilo. Il existe 3 catégories de vêtements: celle qui se vendra tel quel (avec une attention spéciale pour les vêtements « Vintage » qui font fureur, surtout au Japon); celle destinée à servir de chiffons et celle qui terminera en fibre pour fabriquer des portes d’habitacle d’autos ou de cercueils. La majorité des vêtements usagés sont envoyés en Afrique Sub-saharienne.

Marché Africain

Le voyage du Tee-shirt de Pietra se termine sur un marché dans une ville de Tanzanie.
« Mitumba » est le nom qui se donne aux vêtements jetés par les Nord-Américains et les Européens avec lesquels s’habille la majeure partie des hommes et des enfants de certains pays Africains.
¿Quels sont les effets pervers de ce système?
: Que l’Afrique ne développe pas sa propre industrie textile, même si, d’un autre côté, ce marché permet la création de milliers de postes de travail (commerçants, importateurs, sélectionneurs, exportateurs et couturiers).

Source: Revue Marcaje & Textil; A partir du livre de Pietra Rivoli « The Travels of a T-Shirt in the Global Economy: An Economist Examines the Markets, Power and Politics of World Trade » (Ed. John Wiley and Sons, 2005)